Téhéran a demandé mardi à Paris de quitter les négociations de Vienne. Qui, de ce fait, ont été suspendues.
Les frictions entre Paris et Téhéran ont «plombé» mardi les négociations de Vienne censées organiser l'enrichissement de l'uranium iranien hors des frontières du pays. À la reprise des pourparlers, entamés la veille, l'ambassadeur iranien à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asghar Soltanieh, a notifié aux représentants des États-Unis et de la Russie son refus de poursuivre les discussions avec la délégation française, dirigée par le gouverneur auprès de l'Agence, Frédéric Mondoloni. Français et Iraniens ont ensuite quitté ensemble la salle de réunion, sans faire le moindre commentaire. Avec toutefois à la main le texte d'une ébauche d'accord que les uns et les autres sont allés peaufiner dans leur quartier général respectif, des pièces contiguës donnant sur un long couloir.
«Y a-t-il un problème français ?» Interpellé sur le seuil de la salle de réunion par une meute de journalistes, l'Iranien Ali Asghar Soltanieh esquisse un léger sourire, mais reste muet. À Téhéran, un peu plus tôt, le chef de la diplomatie iranienne a jeté un froid en officialisant les propos peu amènes visant la France et répercutés la veille par des médias arabes. Il n'y a «aucune raison pour la France d'être présente» à la réunion, a déclaré hier Manouchehr Mottaki. Selon ces critiques, Paris n'aurait pas tenu ses engagements avec l'Iran en matière de collaboration nucléaire, une allusion au vieux différend concernant le consortium Eurodif créé à l'époque du chah dans les années 1970.
Un «droit inaliénable»
Au-delà de ce prétexte, l'Iran fait de toute évidence payer à la France son intransigeance. Les déclarations de Nicolas Sarkozy, en septembre, enjoignant l'Iran à collaborer sur son programme nucléaire avant la fin de l'année, sous peine de nouvelles sanctions, incitent manifestement Téhéran à viser la France pour semer la division parmi les puissances. Selon l'«accord de principe» passé le 1er octobre à Genève entre la communauté internationale et l'Iran, celui-ci était censé exporter une large partie de son stock enrichi à 3,5 %, soit 1 200 kg, en Russie pour y être réenrichi à 20 %, puis en France pour la fabrication de combustible nucléaire destiné au réacteur expérimental de Téhéran à des fins médicales. Mais accord ou pas, ont répété les Iraniens hier pour accentuer la pression, cela ne remettrait pas en question leur «droit inaliénable» à enrichir l'uranium.
«C'est une réunion d'experts, à laquelle nous participons, les discussions se poursuivent», a déclaré hier le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valeron, en se refusant de répondre aux «commentaires» iraniens. Côté français, on s'est efforcé de banaliser les saillies de Téhéran, jugées par un diplomate comme ressortant du «jeu habituel du chat et de la souris» dans lequel les Iraniens sont passés maîtres. À Paris, on indiquait également que Téhéran «a besoin de la France» pour la fabrication du combustible nucléaire destiné à son réacteur de recherche, les Américains étant contraints par les restrictions votées, ces dernières années, par le Congrès pour limiter les échanges avec l'Iran.
Mardi après-midi à Vienne, les négociations à quatre (France, États-Unis, Russie, AIEA) n'avaient pas repris. Vers 17 heures, les diplomates français et américains se sont enfermés dans une pièce. Rien n'a filtré de leurs discussions. Il est toutefois envisageable que l'objectif iranien était, mardi à Vienne, de tenter d'amener vers eux les représentants des États-Unis pour un dialogue privilégié, au détriment de leurs homologues français. Un pas que Washington n'est pas diplomatiquement en mesure de franchir, même si certains, au sein de l'Administration Obama, commencent à s'agacer de voir la France en pointe pour contrer l'Iran.
mercredi 21 octobre 2009
L'Iran isole la France et préserve son projet nucléaire
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